Le Maroc rejoindra-t-il le club des pays exportateurs de gaz?

Le Maroc lancera prochainement un appel d'offres international pour la construction d'un gigantesque complexe industriel de traitement du gaz naturel pour un budget de 4,6 milliards de dollars, a rapporté Bloomberg citant le ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et du Développement durable, Aziz Rebbah.

"C'est un projet de construction d'une usine intégrée de traitement du gaz", a déclaré Rebbah à Bloomberg, ajoutant que l'offre concernerait la construction d'une unité industrielle alors que la sélection des consultants financiers et techniques avait déjà été faite.

Le Maroc, qui importe 97% de ses besoins énergétiques, tente de diversifier son mix énergétique principalement dépendant du pétrole et du charbon. En ce sens, Rebbah a rappelé que l'objectif du Maroc est de couvrir 42% de ses besoins énergétiques à partir de sources renouvelables d'ici 2020. "Nous pourrions dépasser cet objectif parce qu'il y a des investissements massifs maintenant", a-t-il dit.

Mais l'industrie gazière marocaine, qui est principalement financée par des investissements étrangers, peut-elle soutenir ce projet?

En 2016, plus de 1,2 milliard de dirhams ont été consacrés à l'exploration pétrolière et gazière marocaine. Cependant, le secteur est principalement monopolisé par les partenaires E & P internationaux du pays, qui investissent dix fois plus dans l'industrie par rapport à l'Office National des Hydrocarbures du Maroc ( ONHYM ).

En termes d'investissements, 2016 n'a certainement pas été une année propice. Dans son rapport annuel 2016, l'ONHYM a révélé que le Maroc n'a pas alloué un budget de 117 millions de dirhams au secteur, alors que ses partenaires étrangers ont investi dix fois plus, avec un budget de 1,117 milliard de dirhams.

L'approche stratégique de l'ONHYM est simple et pertinente. Au lieu de financer le secteur lui-même, le bureau «continue à redoubler d'efforts pour attirer d'autres partenaires et assurer un suivi régulier de ses partenaires dans le cadre de la mise en œuvre de leurs engagements», a expliqué le bureau dans son rapport annuel 2016 .

À ce jour, le Maroc compte plus de vingt entreprises E & P qui explorent le sol du pays en partenariat avec l'ONHYM. Parmi ces entreprises internationales figurent les géants britanniques SDX Energy et Sound Energy dans le secteur de l'exploration gazière.

A elles seules, ces deux entreprises monopolisent pratiquement le secteur gazier au Maroc. Et ce n'est pas seulement la distribution d'intérêts dans les permis d'exploration alloués à ces entreprises internationales, qui leur permet de toucher 75% des revenus des puits de gaz, ce qui les attire dans le royaume.

Selon Sound Energy, les formations qui enrichissent l'Algérie en réserves de gaz pourraient bientôt bénéficier au Maroc. Dans son permis de Tendrara, à l'est du Maroc, à proximité des frontières algériennes, l'entreprise explique que ses puits d'exploration pourraient creuser la première production de gaz du Maroc, ce qui lui permettrait de devenir un pays exportateur de gaz.

Après l'achèvement d'une étude de bassin, les estimations préliminaires de Sound Energy indiquent une gamme de volumes sur l'ensemble des zones de permis de Tendrara et Meridja, avec 9 millions de pieds cubes de gaz brut en place et, si tous les éléments clés du système pétrolier modèle sont présents, un cas à l'envers de 31 billions de pieds cubes de gaz brut en place.

Ces trillions de pieds cubes de gaz découverts par Sound Energy peuvent couvrir les besoins énergétiques du Maroc, estimés à 5 milliards de mètres cubes par an selon le Plan national de développement, pour les 90 prochaines années.

A ce stade, Sound Energy commence à parler d'aspects marketing et de plans de construction de pipelines à cet effet, qui rejoindront le Maghreb Europe Pipeline (GME).

Mais alors que les sorties de Sound Energy sont assez abondantes, elles viennent avec le silence radio de l'ONHYM et des autorités locales sur le sujet.

Plusieurs questions restent sans réponse: Quel est le niveau actuel des réserves de gaz du Maroc, prouvé à ce stade? Comment le marketing se fera-t-il à travers le GME? Quelles sont les autorisations nécessaires pour traverser celui-ci?